Naëlle CHARLES / Nathalie CHARLIER Romancière

Scènes d'amour à lire et à écrire

Par Le 11/07/2014 3

Dans Mes activités de romancière

SCENES D’AMOUR A LIRE ET A ECRIRE

 

 

Pour rester sur le thème de mon article précédent : « fifty shades of grey » et autres romans érotiques, j’aimerais vous faire part de ma modeste expérience dans ce domaine. Bien sûr, ce que je vais écrire là, n’engage que moi et mes goûts personnels, et je conçois parfaitement que vous puissiez ne pas partager cet avis.

 D’abord en tant que lectrice de romances depuis des années (oups, je ne les compte plus, sinon je vais attraper le bourdon !). Personnellement, si la ou les scènes d’amour sont ratées, le bouquin l’est également. C’est probablement LA scène la plus importante, et lorsque nous commençons un roman, sentimental, nous l’attendons avec impatience. Donc, si elle est zappée ou bâclée, je me sens frustrée, et mon avis sur le livre s’en ressent. Bien entendu, d’autres paramètres entrent en ligne de compte, tels que l’intrigue, le style de l’auteur, la note d’humour qui peut apporter un plus, ou tout simplement l’émotion qui se dégage du livre, et qui fait qu’on s’attache aux protagonistes de l’histoire.

 Néanmoins, la scène où ils s’envoient en l’air est primordiale, et se doit d’être réussie. N’allez pas imaginer que je réclame de la passion et des scènes érotiques toutes les deux pages, là n’est pas du tout l’idée. La scène d’amour doit, selon moi, s’intégrer dans l’histoire, lui apporter ce plus qu’attend le lecteur ou la lectrice. Le sexe pour le sexe n’a finalement aucun intérêt.

 Au fil des années, notamment dans les romances type Harlequin, j’ai remarqué que ces scènes devenaient plus audacieuses et surtout plus précisément décrites. Il est presque anodin actuellement de faire référence au sexe oral, alors qu’il y a vingt ans, jamais il n’en aurait été fait mention. Et cela tend à se généraliser. J’ai feuilleté dernièrement un roman Harlequin-Azur, où le héros demande à l’héroïne de se caresser devant lui. Alors là, mes ami(e)s, moi la fille ouverte d’esprit et tout et tout, j’ai été choquée. Jamais je n’aurais imaginé qu’un jour, dans la collection azur, on trouverait une telle scène !

 Mais bon, les temps changent et j’ai la nette impression qu’il y a une époque avant « Fifty… » et une époque après. Ceci dit, je trouve formidable que la littérature érotique (et non pornographique, j’insiste vraiment), tende à se démocratiser et que nous ne soyons plus obligées de planquer nos romans sentimentaux dans notre table de nuit, sous peine de passer pour des nunuches. De plus, j’ai l’impression que la romance, quelle que soit sa forme, a en ce moment à nouveau le vent en poupe, ce qui est génial, pour moi qui ait toujours revendiqué le fait qu’il ne s’agit pas là de sous littérature.

 En tant qu’auteur, mon opinion est un peu différente. Personnellement, les scènes d’amour ou de sexe, sont les plus difficiles à écrire. Car il faut être prudente, on ne peut pas rester dans le flou, mais en même temps on a vite fait de basculer dans le scabreux.

 Pour « un mensonge pour être aimée », la responsable éditoriale m’avait demandé de reprendre toutes les scènes car elles étaient trop torrides à son goût. Ce travail s’est révélé fastidieux, car comment décrire une scène de sexe dans parler de l’anatomie ou expliquer ce qui s’y passe. Bref, j’avais été frustrée d’avoir à le faire, même si je comprenais le point de vue de cette personne qui faisait valoir que le roman pouvait être lu par un public jeune et qu’il était primordial de ne pas choquer.

 Remarquez, à ce sujet, franchement j’émets de sérieux doutes. Deux de mes fils sont ado, et ils savent exactement de quoi il retourne en matière de sexe, sans que j’aie eu à leur expliquer quoi que ce soit. Merci internet !!!! (et ce n’est pas forcément un compliment que je fais, bien au contraire !) Donc, il me semble que l’argument ne tient pas réellement dans la mesure où nos jeunes sont de plus en plus précoces et n’ont absolument pas besoin de nous pour faire leur éducation sexuelle. Tout juste ai-je le droit de rappeler à mon aîné qu’il doit sortir couvert, avant de me faire remballer, genre la vieille qui me casse les oreilles !

 Depuis ce premier roman, mon état d’esprit a évolué. J’ai décidé dans mes derniers manuscrits de faire exactement comme cela me chante. Même si c’est toujours difficile pour moi, et plus encore maintenant que j’ai plusieurs écrits à mon actif, car finalement je décris toujours les mêmes situations. Mais il faut que j’emploie des mots et des tournures différents afin d’éviter les répétitions entre un roman et un autre, j’ai décidé de les écrire à mon idée. Clairement, je fais comme ça me chante, tout en restant prudente sur les formulations, car je déteste la vulgarité en règle générale. Il n’en reste pas moins que les dernières scènes que j’ai écrites sont bien plus épicées, même si je reste néanmoins attentive à ma façon de rédiger.

 De plus, après avoir lu « Fifty shades… » et « dévoile-moi », j’ai décidé d’écrire un roman en plusieurs tomes (combien je ne le sais pas !), nettement plus sulfureux que tout ce que j’avais pu pondre auparavant ! Enfin, décidé est un bien grand mot, puisque l’histoire et les personnages, se sont mis en place en moins de quinze minutes alors que je repassais (eh oui !). Comme j’étais en vacances, je n’ai plus eu qu’à me laisser porter. En une semaine j’avais écrit plus de 80 pages. Depuis j’ai ralenti le rythme puisque j’ai repris le travail. Toutefois, je pense le finir dans le mois à venir. Lorsque les choses se présentent comme ça, et que les doigts volent sur le clavier de l’ordinateur sans que l’on puisse s’arrêter ou que l’on ait à réfléchir, tout devient magique ! Et on se rappelle pourquoi on est romancière.

 Je ne sais pas si un jour je ferai lire ce roman à quelqu’un, ou si je le garderai pour moi, mais une chose est sûre, pour la première fois de ma vie, écrire une scène d’amour et érotique qui plus est, s’est révélé d’une facilité déconcertante. Alors peut-être dois-je persévérer dans cette voie, je n’en sais rien et j’y réfléchis encore…

 

 

Commentaires

  • Hélène

    1 Hélène Le 11/07/2014

    En premier lieu, tu as tout à fait raison de faire au feeling et d'écrire ce roman "sulfureux" si tu en as l'inspiration Et en second lieu, si tu n'as pas eu de mal à écrire les scènes d'amour alors qu'avant, c'était le cas, c'est bien la preuve que c'est ce que tu dois écrire !
  • elisabeth

    2 elisabeth Le 11/07/2014

    Nathalie future ecrivain de roman érotiques??? Alors la je suis prête à investir dans une liseuse même si ton livre n'était publier qu'en nuérique
    Plus sérieusement, dans le manuscrit que j'ai écrit et envoyer chez Amorosa, j'avoue avoir eu beaucoup de mal à écrire LA scène d'amour, faut dire que la personne qui m'inspirée est un copain que j'appreciait, le truc qui n'aide pas du tout. Dans celui que je viens de commencer, mon personnage masculin de qui je m'inspire, ressemble à un acteur de série tv policière que j'aime, donc se sera plus facile à écrire cette fois!
    Pour ce qui est des ados, je pesne que cont eux qui
  • Anna Lyra

    3 Anna Lyra Le 11/07/2014

    Merci pour cet article intéressant où je me suis retrouvée, tant au niveau lectrice qu'au niveau auteur. Ecrire une scène d'amour c'est vrai que c'est très difficile : trouver le juste milieu pour les descriptions, faire passer quelque chose, une charge émotionnelle... Le lecteur l'attend, cette scène, alors ce n'est pas rien. J'ai rencontré concrètement la difficulté il y a quelques temps, lorsque j'ai dû écrire ma première scène d'amour - et finalement j'ai pris mon temps, laissé les idées infuser et j'ai laissé les mots couler. J'écris mon premier roman sentimental, et je relaie les premières infos sur mon blog. Je vais visiter le reste de ton blog!
    Bises

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